
Yvonne De Grazia & Koen Wastijn
La rencontre d’Yvonne & Koen commence à Art Basel, Mecque de l’art contemporain.La nôtre débute dans une installation de l’artiste Alice Nikolaeva, dont la forme fait penser à une Église orthodoxe.
Portrait des artistes Yvonne De Grazia & Koen Wastijn et récit de leur rencontre avec le travail de la jeune artiste russe.


Yvonne a étudié l’art au début des années 90. Metz, Saarbrücken, Milan, Nancy, elle découvre des villes mais aussi des personnalités qui marquent le début de sa carrière. Comme la rencontre avec son professeur de l’époque, l’artiste franco-allemand Jochen Gerz.
Yvonne – J’ai réalisé avec lui et un groupe d’étudiants le monument invisible contre le racisme à Saarbrücken, en Allemagne. Nous avions entrepris de déceler clandestinementles pavés d’une place qui avait accueilli un quartier général de la Gestapo. Nous avons ensuite inscrit le nom de cimetières juifs d’Allemagne sur le dos des pavés avant de les remettre en place. D’où le nom de monument invisible. Pour moi l’art d’après 1945 ne peut plus être plastique, il doit refléter un engagement.
Moi, le baby-Sitting dans l’art ça ne m’intéresse pas!


Il y a aussi ma rencontre avec l’artiste allemand Ingo Günther, installé depuis longtemps aux États-Unis, que j’ai rencontré en visitant son atelier. Il m’a dit une chose qui m’a particulièrement marquée : « Moi, le baby-Sitting dans l’art ça ne m’intéresse pas! ».
Évidemment il y a eu beaucoup d’autres rencontres, des grands noms, poètes, musiciens, amis mais disons que ces deux personnalités se sont particulièrement distinguées.
Yvonne et Koen ont connu l’Allemagne de l’est avant la chute du mur et fait l’expérience incroyable de ces deux mondes. Une des raisons pour lesquelles le travail d’Alice Nikolaeva, a suscité un intérêt chez eux et qu’ils ont décidé d’acquérir l’œuvre « Ice Cream »
Koen – J’aime la référence qu’Alice fait aux églises orthodoxes. Elle présente une sorte de plan 3D d’ un volume qui est absent.
Yvonne – J’ai des photos de plaines de jeux prises en Bulgarie. Je me suis identifiée aux structures d’Alice qui m’ont fait penser à ces photos qui datent de l’ère soviétique.J’ai un interêt pour l’esthétique soviétique et les images que l’on trouvait à l’époque de l’URSS.
Yvonne nous montre des cahiers qui datent de l’Allemagne de l’Est dans lesquelles elle a collé des photos prises par satéllites.
Yvonne – J’ai une fascination pour le monde de l’espionnage et du terrorisme et voulais réaliser un projet avec des photos satellites.
Point de départ du travail « Beyrouth Series » qu’elle a réalisé en 1998 et dont elle nous offrira un des négatifs.
Yvonne – J’étais captivé par les catalogues de vacances et les photos des hôtels que l’on y trouvait. Un véritable symbole de la conquête de territoire. J’ai donc commencé à filmer ces catalogues pour ensuite photographier les images qui passaient sur mon petit écran Sony.
Le résultat fait penser à une image dezone de guerre prise par satellite. Nous pouvons presque ressentir ce calme qui précède les images d’un bombardement.
Nous demandons à Koen de présenter à son tour, un de ses nombreux projets. C’est alors qu’il se lève et revient avec une partie d’un moulage.
c’est important d’aborder une exposition sous plusieurs angles


Koen – Il s’agit d’un des essais effectués dans le cadre d’une exposition que j’ai réalisée en Australie, celui des montagnes de termites. C’était en 2005 et je voyageais à Sydney pour rencontrer ma nouvelle galerie. Pour faire connaissance avec leurs nouveaux artistes, les galeristes avaient comme tradition d’organiser un road trip de deux mois à travers l’Australie. Le voyage s’est terminé dans le nord du pays où j’ai rencontré de grands peintres aborigènes. Je suis alors parti à la recherche des montagnes de termites, impressionnantes constructions qui mesurent parfois plusieurs mètres de haut et construites par ces insectes organisés en société parfaite.
De retour à Sydney, j’ai constitué une équipe avec un sculpteur et nous sommes partis mouler ces montagnes. La réalisation du projet s’est faite avec l’autorisation des populations aborigènes et le moulage des montagnes atteignant plus de 2,5m de haut, a pris plus d’un mois.
Le moule a ensuite été rapatrié à la galerie de Sydney où nous avons réalisé la sculpture pendant l’exposition. Elle était accompagnée par une installation vidéo, car pour moi c’est important d’aborder une exposition sous plusieurs angles afin d’avoir une vue d’ensemble, de raconter une histoire.
Les moules ont été rapatriés jusqu’au port d’Anvers et le projet a notamment été exposé au MAAC.
Pour Koen aussi, beaucoup de rencontres, de voyages, d’aventures et de découvertes que malgré l’envie, le temps nous manque pour vous les raconter…
Photos: Angélique Legeleux
